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1 juin 2010 2 01 /06 /juin /2010 13:31

Et voici la suite des reseñas des corridas de la Feria de Pentecôte à Nîmes que je vous présente grâce à l'aimable et amicale collaboration de celui que j'appelle "mon revistero" à savoir "SANTIAGO";
Je vous souhaite une agréable lecture aussi bien à ceux d'entre vous qui "ont vu" qu'à ceux qui "n'ont pas vu" et dont je fais partie ...

Et à bientôt pour la suite ...

"Jiès"

 

AFF Nîmes10Samedi 22 mai, 11 heures: deux sorties par la Porte des Consuls

Quand les figuras sont là, les arènes se remplissent jusqu'au dernier gradin de pierre. C'est certainement le cartel le plus abouti qui était présenté ce matin avec trois triomphateurs 2009 face aux toros de Garcigrande, dont le lot avait été l'un des meilleurs courus dans le Sud Est. Après le paseo, les trois maestros furent invités à saluer en piste. Il y avait des vedettes et face à elles un lot de toros imprésentables, hormis le quatrième. Le premier était gacho, le second sans cornes, le cinquième cubeto et le dernier imprésentable. Mais c'étaient des toros qui se laissent couper les oreilles.

Enrique Ponce ( bleu ciel et or ) ne fit pas grand chose à la cape. Il débute sa faena par des trinchazos, genoux en terre, et enchaîne par des naturelles templées qui déclanchent la musique. Le toro commence à gratter. Ce sont ensuite de beaux derechazos terminés par un changement de mains par devant, puis d'autres. Le toro gratte de plus en plus. La faena est longue, trop, et sans émotion. Sonne un avis. Le toro sera long à cuadrer. Ponce porte une demie et sonne le deuxième avis. Descabello et avation. On pensait que le maestro allait mettre les bouchées doubles à son second, le seul beau toro de la corrida. Il n'en fut rien. Ponce parut hésitant dans les capotazos de réception. Le castagno prit deux piques, dont la première en poussant. Ensuite, Ponce n'égrenera que de lointains derechazos et naturelles, sans âme ni passion. Il porte une épée entière et écoute quelques applaudissements.

El Juli (violet et or ) reçoit le deuxième Garcigrande aux cornes réduites, par des véroniques toréées. Il exécute un quite par chicuelinas lentes après la première pique carioquée. Le toro est noble des deux côtés, charge de loin. El Juli en profite pour lier des séries de cinq à six derechazos suivis du pecho. Idem à gauche où le toro est un peu moins collaborateur. Il termine par un toreo de proximité qui porte sur le public. Après cinq autres derechazos à tour complet, ce sera l'ovation. El Juli pinche deux fois puis met une entière. L'oreille accordée est protestée. A son second toro, Julian met le turbo. Il réalise des véroniques en tournant sur lui-même, obligeant le toro à faire le tour complet. Après un picotazo il exécute un quite par farols. Julian a retrouvé la variété de son jeu de cape qui lui permet d'être toujours inventif, jamais répétitif. Le toro marque quelques faiblesses, ce qui ne l'empêche pas de répondre à des cites de loin et de mettre la tête basse dans la muleta. Grande faena du Juli qui laisse le toro se reposer entre les séries, en profite pour se déplacer vers le terrain le mieux approprié à la suite de la lidia. Après un pinchazo et une entière, le toro meurt la bouche fermée. Deux oreilles récompensent cette magistrale démonstration de tauromachie.

Daniel Luque ( moutarde et or souligné de noir ) n'est pas venu pour faire de la figuration. Il attaque son premier toro par des véroniques lentes conclues d'un rebolera complet.Il amène le toro au cheval par galleos, par chicuelinas marchées, puis exécute un quite par tafalleras. Sa faena, souvent de profil, sera faite de longs déréchazos et d'aussi accomplies naturelles. Le toro est excellent mais Luque ne pèse pas sur lui, ce qui dans ces circonstances n'aura pas d'incidences sur la réussite des suertes. Luque plante son épée dans le sol et enchaîne, ce que certains nomment déjà des ''luquecinas'', suerte où le toro passe devant le torero, à doite et à gauche alternativement, avec à chaque fois un changement de mains dans le dos, le tout dans un périmètre réduit. C'est spectaculaire et ça plait. Après une estocade entière et un avis, ce sont les deux oreilles qui tombent. Devant son laid sixième, il va réaliser une faena pléthorique, fuera de cacho, mais ovationnée tout au long de son déroulement. Une estocade entière en bonne place et un descabello entraînent deux nouvelles oreilles. Sortie sur les épaules par la Porte des Consuls d'El Juli, le meilleur torero de ce début du XXI siècle, et de Daniel Luque, jeune loup très prometteur.

Arènes archi combles. Poids des toros par ordre de sortie: 538, 540, 516, 505, 505,497 Kgs.


Dimanche 23 mai, 11 heures: Morante de la Puebla est entré dans l'Histoire

Simon Casas a parié et a gagné. Une corrida déclarée de l'Art avec des toreros véritablement artistes du genre Conde ou Morante, est toujours un pari risqué. Mais quand ça marche, cela devient irréel, du bonheur à l'état pur. Les toros de Juan Pedro Domecq étaient de présentation irréprochable, mais c'étaient des Juanpedro, un peu fragiles des pattes et devant être traités avec douceur. Après le paseo, Javier Conde qui avait grâcié un toro l'an passé dans ces arènes, est invité à saluer, suivi par Morante. Disons tout de suite que les deux garçons étaient venus avec d'excellentes dispositions et volonté.

Javier Conde était vêtu d'un costume multicolore, avec du bleu parme, des motifs orange et vert, du noir et de l'or, le tout d'un bel effet, original et en rien chargé. A son premier toro qu'il reçoit par des véroniques douces, Conde va lui donner une faena de peu de passes, mais de qualité. A la mort il pinche quatre fois car il part toujours de côté. Une entière enfin, et le toro tombe bouche fermée. Un avis avait sonné. Conde écoute quelques applaudissements. Son deuxième toro est protesté car il manifeste de nombreux fléchissements. Il est remplacé par un autre Juan Pedro, bien fait mais lui aussi avec quelques faiblesses de l'arrière train. Javier commence une faena '' à la Conde'', avec des passes de mépris, des changement de mains et des pechos avec le poignet inversé. Trop confiant, le toro le prend et le garde pendu sur les cornes, puis le cherche au sol. Heureusement il ne souffrira que de contusions qui vont le laisser diminué pour le reste de la corrida. Ayant enlevé sa chaquetilla, Conde va donner d'autres séries dans son style, mais avec plus de modération. Un pinchazo et une demie basse avec hémorragie n'empêcheront pas les ovations au torero. A son dernier toro, un castagno, Javier lie des véroniques, puis l'animal prend deux vraies piques. Conde va lui faire une faena commencée à gauche suivie par des derechazos de qualité. C'est une faena avec beaucoup de temps morts, et dans un registre classique. Un pinchazo et une demie perpendiculaire auront raison du toro. Dommage, car Javier Conde était venu pour triompher, mais la rouste qu'il prit à son second toro l'a diminué physiquement. Son départ sera chaudement fêté par le public.

Juan Antonio Morante, de la Puebla del Rio ( grenat et or ) est en ce moment dans une grande période, et les organisateurs seraient inspirés de faire appel à lui. A son premier toro cornicorte, il sculpte de belles véroniques puis fait un quite par d'aussi belles chicuelinas enroulées. Sa faena de muleta est faite de derechazos et de naturelles longs et toréés, au cours desquels le toro fait le tour du corps du torero avant d'être renvoyé loin derrière. Faena torera où rien n'est à jeter. Une oreille après une estocade entière vient récompenser le maestro. Son second toro est un jabonero qu'il reçoit par des véroniques pieds joints. A la suite de la première rencontre au cheval, l'animal lève la patte avant gauche qu'il ne peut plus appuyer sur le sol. Il est changé par un autre Juan Pedro qui s'avèrera faible, mais qui ira jusqu'au bout. Morante va lui donner des derechazos à mi-hauteur, puis des naturelles en le préservant. Une estocade entière de côté achève le toro, et Morante est applaudi chaleureusement. Et puis sort le Juan Pedro Domecq n° 25, de 499 Kilos, avec lequel Morante de la Puebla va signer un chef-d'oeuvre, une faena pour l'Histoire des arènes de Nîmes et même de la corrida en France. Une faena dont on se souvient vingt ou trente ans après, comme celle que donna El Cordobes ici même le 17 mai 1964, mais dans un tout autre registre. D'entrée Morante l'accueille par des véroniques lourdes comme du bronze, avec lesquelles il l'amène au centre pour terminer par une demie d'affiche. Le toro est amené au cheval par des chicuelinas lentes et soyeuses. Le quite se fait par d'autres véroniques en delantal. Morante prend sa muleta et une chaise blanche sur laquelle il s'assoit aux tercios, image que l'on peut voir sur d'anciennes cartes postales de Rafael Gomez '' El

Gallo '' qui exécutait cette suerte de la silla. Morante va dans cette position donner des passea hautes à deux mains suivies du pecho. Avec Morante cela ne paraît pas anachronique car c'est le torero de la tauromachie éternelle. Le toro renverse la chaise. Morante amène alors son toro au centre pour offrir des séries de muletazos des deux côtés, d'une lenteur et d'une profondeur suréalistes, les uns plus beaux que les autres. Le temps semble s'être arrêté et nous avons les poils qui se dressent et la gorge nouée. Un peone a eut l'idée d'enlever la chaise, Morante ordonne de la remettre. Et comme elle est déposée debout, le torero quite son toro, s'avance pour la remettre renversée comme elle était au paravant, peut-être pour ne pas perturber l'animal, puis revient vers lui et enchaîne sa faena.

Entre les séries de muletazos, Morante donne mille détails artistiques faits de molinetes, d'enroulement devant les cornes et autres génialités. Il est impossible de décrire un pareil chef-d'oeuvre, comme il est impossible de le revivre avec la même passion et intensité à la vidéo. Juan Antonio s'élance pour une estocade entière portée dans les règles de l'art. Deux oreilles et la queue et sortie d'apothéose par la Porte des Consuls.

Plein complet jusqu'à l'atrium. Poids des toros combattus successifs: 469, 510, 491, 477, 503, 499 Kgs.

Santiago

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